The Broad est un musée d’art contemporain, situé à downtown Los Angeles, qui abrite 2 000 œuvres, une collection qui compte parmi les plus importantes d’art d’après-guerre et d’art contemporain dans le monde. Prévoyez environ 3h de visite pour ce petit musée qui regorge de pépites dont voici une sélection.
Double American 2 – Glenn Ligon (2014) |
Untitled [If You’Re So Successful, Why Do You Feel Like A Fake] (1987) |
Untitled [You Are A Very Special Person] – Barbara Kruger (1995) |
Eat, Sleep And Drink – Richard Prince (1989) |
Jim Beam – J.B. Turner Train – Jeff Koons (1986) |
Balloon Dog [Blue] – Jeff Koons (1994-2000) |
Under the Table – Robert Therrien (1994) |
Interior With African Mask – Roy Lichtenstein (1991) |
Non-Objective – Roy Lichtenstein (1964) |
Live Ammo (Blang) – Roy Lichtenstein (1962) |
Goldfish Bowl – Roy Lichtenstein (1977) |
I…I’m Sorry! – Roy Lichtenstein (1965-66) |
Mirror #1 – Roy Lichtenstein (1969) |
Deutschlands Geisteshelden – Anselm Kiefer (1973) |
Heavy Industry – Ed Ruscha (1962) |
No End To The Things Made Out Of Human Talk – Ed Ruscha (1977) |
Hustle’N’Punch by KaiKai and Kiki – Takashi Murakami (2009) |
The Broad présente également un programme d’expositions temporaires tournantes dont celle de Yayoi Kusama (jusqu’au 1er janvier 2018) que je vous recommande vivement de voir, ici ou ailleurs, un véritable ravissement pour les yeux, une expérience unique.
Guidée par sa vision unique et sa créativité inégalée, Yayoi Kusama est une artiste acclamée par la critique pour ses innovations depuis plus de six décennies. En 1993, elle est devenue la première femme à représenter le Japon à la Biennale de Venise et l’année dernière, le Time magazine l’a nommée l’une des personnes les plus influentes du monde.
Née en 1929, Kusama a grandi près de la pépinière de sa famille à Matsumoto, au Japon. À dix-neuf ans, après la Seconde Guerre mondiale, elle se rend à Kyoto pour étudier le style de peinture traditionnel japonais : le Nihonga. Pendant ce temps, elle commence à expérimenter l’abstraction mais ce n’est que lorsqu’elle est arrivée aux États-Unis, en 1957, que sa carrière prend son envol. Elle vit à New York de 1958 à 1973 et évolue dans des cercles avant-gardistes avec Andy Warhol et Allan Kaprow tout en peaufinant ses motifs de pois et développant une soft sculpture. En 1965, elle utilise pour la première fois des miroirs comme dispositif multiréflectif dans Infinity Room – Phalli’s Field, transformant la répétition intense qui marquait certaines de ses œuvres antérieures en une expérience immersive. En 1973, elle retourne au Japon, où elle continue de développer ses installations de miroirs.
Infinity Mirrored Room – The Souls of Millions of Light Years Away
L’Infinity Mirrored Room – The Souls of Millions of Light Years Away est un environnement immersif qui favorise une expérience hors du corps, augmente les sens et produit une illusion répétitive à travers l’utilisation des lumières et des miroirs. Similaire aux étoiles de la galaxie, des centaines de lumières LED pendent et scintillent dans un rythme qui semble suspendre l’espace et le temps. Le visiteur devient partie intégrante de ce travail car son corps active l’environnement tout en disparaissant simultanément dans l’espace infini. La nature surréaliste de l’installation remonte au début des années 2000 lorsque Kusama a commencé à faire des salles de miroirs faiblement éclairées, très loin de son style plus récent vivement coloré et à pois. Elle poursuit ainsi son exploration du caractère éphémère de la vie et de l’inévitabilité de la mort, cette installation crée un lieu harmonieux et tranquille pour que les visiteurs puissent contempler leur existence, réfléchir sur le temps qui passe et à leur relation avec le monde extérieur.
Dots Obsession – Love Transformed Into Dots
En 1996, Kusama commence à créer une série d’installations incorporant des ballons à pois. Suspendus au plafond et occupants le sol, ces objets gonflables perturbent le chemin du spectateur. Les visiteurs peuvent entrer dans une pièce miroir dans l’un des ballons ou regarder de l’extérieur (grâce à une petite lucarne) à l’intérieur d’un autre ballon. Le travail engage les visiteurs sur des échelles contrastées : le micro-espace minuscule vu à travers un judas et l’espace macro grandeur nature qui enveloppe le spectateur dans l’installation.
Accumulations
Kusama commence à faire les Accumulations ou «soft sculptures» au début des années 1960. Elle crée d’innombrables tubercules mous et les attache aux meubles, elle espère ainsi vaincre sa peur du sexe et du phallus grâce à une sorte d’auto thérapie. Des œuvres réalisées à partir de canapés, de chaises, d’escabeaux, de commodes et d’une grande table ont été présentées ensemble à Kusama: Driving Image Show, une installation de 1964 qui fonctionnait comme un «environnement total». Blue Spots et Red Stripes, deux accumulations, sont d’importants précurseurs de l’Infinity Mirror Room – Phallis Field. Cependant, dans Phallis Field, les tubercules émergent du sol et non de panneaux muraux et sont multipliés à l’infini par des miroirs.
Après avoir mis l’accent sur les performances à la fin des années 1960, Kusama revient à la fabrication de sculptures au milieu des années 1970 ou elle continue à utiliser des formes phalliques. Elle a souvent enduit ces travaux de peinture argentée, évoquant ainsi les surfaces réfléchissantes de son Infinity Mirror Room. Les résultats sont moins organiques que les Accumulations précédentes à cause de leur côté froid, figé, surréaliste.
Infinity Mirror Room – Phalli’s Field
Entre 1962 et 1964, Kusama passe une grande partie de son temps à coudre des milliers de tubercules en tissu rembourré, à les greffer sur des meubles et à trouver des objets pour créer ses sculptures d’Accumulation. Puis elle expose ses œuvres pour tenter de créer des scènes hallucinatoires de surfaces phalliques, mais elle trouve que l’effort physique et mental engendré par la création de ces œuvres est épuisant. En réponse à l’intensité de ce travail, elle commence à utiliser des miroirs pour obtenir une répétition similaire plutôt que d’en faire des milliers à la main. Infinity Mirror Room – Phalli’s Field est peut-être la percée la plus importante pour Kusama pendant cette période extrêmement féconde. Les surfaces réfléchissantes permettent à sa vision de transcender les limites physiques de sa propre productivité. De plus, les miroirs créé une expérience participative en faisant du visiteur le sujet de l’œuvre, une caractéristique que l’artiste a démontrée à travers une série provocante d’autoportraits dans lesquels elle utilise son corps pour activer l’espace. Ce travail est apparaît pour la première fois dans l’exposition Floor Show, qui s’est tenue à la galerie Castellane, à New York, en 1965.
Infinity Mirrored Room – Love Forever
Infinity Mirrored Room – Love Forever est une itération de la deuxième pièce de miroirs créée par Kusama. Sculpturale, architecturale et performative, l’installation brouille les frontières entre les disciplines artistiques et est activée par la participation du public. De forme hexagonale et reflétée de tous les côtés, Love Forever comporte deux judas qui invitent les visiteurs à se regarder et à se voir et à voir un autre participant se répéter à l’infini. Au moment où Kusama créé cette Infinity Mirror Room, elle expérimente une nouvelle technologie et considère l’œuvre comme une «machine à animer». Lors de l’ouverture en 1966 du Kusama’s Peep Show, elle distribue elle même des boutons avec le message «Love Forever» luttant pour les droits civils, la libération sexuelle, le mouvement anti-guerre et les groupes militants des années 1960.
Works On Paper
C’est en 1957, à la galerie Zoë Dusanne à Seattle qui propose une exposition sur Kusama que ses travaux sur papier attirent l’attention. Produits à petite échelle, en succession rapide (alors que l’artiste vivait encore dans sa ville natale de Matsumoto), ces dessins consistent en des formes abstraites évoquant des orbes, des œufs, des amibes et des colonnes. Dans Infinity, des points noirs et aqueux planent dans une masse dense qui rappelle les cellules d’une boîte de Pétri. The Island in the Sea No. 1, Inward Vision No. 4, et Long Island emploient la décalcomanie, une technique surréaliste qui consiste à surcharger la surface d’une feuille de papier avec de la peinture gouache humide et à presser une autre feuille contre celle-ci pour répandre le pigment. Ces premiers dessins sont des microcosmes organiques que l’artiste a ensuite développés dans Infinity Mirror Rooms.
The Broad Museum
221 S. Grand Avenue, Los Angeles, CA 90012
Entrée $25 pour l’expo temporaire, le musée en lui même est gratuit
Fermé le lundi