Exposition The Wizard of Oz – Academy Museum of Motion Pictures (Los Angeles)

Faire un film, tout un art… Chaque plan de chaque scène de chaque film nécessite un réseau complexe d’artisans. Parce que leurs talents se combinent souvent de manière homogène à l’écran, il peut être facile de passer à côté des contributions cinématographiques individuelles : scénarisation, casting, coiffure et maquillage, costumes, conception de la production, effets, son, musique, cinématographie, montage et publicité, mais aussi du travail des acteurs, réalisateurs, producteurs et cadres. The Wizard of Oz est ici utilisé comme une étude de cas qui explore l’importance de chaque rôle sur et hors plateau, mais aussi devant et derrière la caméra.

The Wizard of Oz, film de 1939, est une production de la Metro-Goldwyn-Mayer (MGM), un géant du système classique des studios hollywoodiens. Emblématiques d’un moment où la magie du cinéma a été créée dans des décors d’usine, les départements des studios de la MGM restent un échantillon representatif de l’artisanat cinématographique de l’époque. Nous allons ici survoler le travail réalisé sur The Wizard of Oz, découvrir des anecdotes et des défis relevés avec ingéniosité par les milliers de membres de l’équipe créative et professionnelle de la MGM. Ces réalisations sont transcrites à l’écran par l’art conceptuel, les communications interbureaux, la photographie de production, ainsi que par des accessoires et des costumes. C’est ce qu’il s’est passé avec les souliers de rubis de Dorothy : ce qui a commencé dans l’imaginaire d’un designer est depuis devenu une icône intemporelle du grand écran.

Les Souliers de Rubis

Souliers de Rubis portés par Judy Garland (Dorothy Gale) – The Wizard of Oz (USA, 1939) – Costume design : Adrian – Cuir, soie, sequins, perles de verre et métal – Academy Museum of Motion Pictures, achetés par Steven Spielberg, the Leonardo DiCaprio Foundation et the Jane and Terry Semel Charitable Foundation

La paire de chaussures de Dorothy est l’objet le plus convoité et aussi celui qui a le plus de valeur de toute l’histoire du cinéma. Le nombre de souliers de rubis fabriqués pour The Wizard of Oz reste aujourd’hui encore inconnu. On sait qu’il existe au moins quatre paires de chaussures qui ont officiellement été portées par Judy Garland sur le tournage du film (plus un prototype inutilisé de « style arabe »). On pense que cette paire (celle de la photo ci-dessus) est celle que l’on voit dans tous les gros plans du film dont celui pendant lequel Dorothy fait claquer ses talons trois fois et dit :  » There’s no place like home ».

Pour réaliser le design qu’Adrian souhaitait, des escarpins en soie blanche de la Innes Shoe Company of Pasadena and Hollywood ont été teints en rouge par le costume department de la MGM, recouverts de Georgette de soie et ornés d’environ 2 300 sequins, chacun cousus à la main. Des nœuds en cuir rouge recouverts de strass rouges, de perles de clairon et de bijoux fantaisie ont ensuite été apposés sur chaque soulier. La couturière de la MGM Aurora Dueñas est restée présente tout le long du tournage pour restaurer les perles et les paillettes abimées.

Le Tablier de Dorothy

Il a fallu 2 mois d’essais costume pour finaliser le tablier parfait de Dorothy. Dans les premières versions, il était orné de dentelle, de volants et de nœuds.

L’Uniforme des Soldats Munchkins

Uniforme porté par William Giblin (Un soldat Munchkin) – The Wizard of Oz (USA, 1939) – Costume Design : Adrian – Feutre de laine, sergé de coton et galon argenté

Pour la scène musicale dans laquelle Dorothy rencontre les Munchkins pour la première fois, Adrian a créé plusieurs sets de costumes très colorés pour 124 personnages dont les Munchkins en uniforme.

Jakob Hofbauer et Billy Kostner, essais costume

Afin d’amener les acteurs qui interprétaient les Munchkins jusqu’à Los Angeles, la MGM a affrété un bus qui est allé chercher les acteurs aux quatre coins des États-Unis. Une bannière sur le côté du bus a transformé le voyage à travers le pays en un coup publicitaire qui fait aujourd’hui l’objet d’un examen minutieux.

Alors que les acteurs qui interprètent les Munchkins ont un rôle essentiel dans The Wizard of Oz, le processus qui les a amenés à l’écran s’est avéré hautement exploitant. La MGM a passé contrat avec Leopold von Singer, directeur de la troupe de vaudeville Singer’s Midgets, pour recruter 124 personnes de petite taille. Leopold von Singer a été  incapable d’atteindre cet objectif et la MGM a dû alors rechercher des personnes de petite taille dans tout le pays. Les acteurs qui ont rejoint le casting via la MGM ont négocié directement avec le studio et ont reçu un meilleur salaire que ceux recrutés via Singer, qui avait la réputation d’arnaquer ses artistes. Au total, la MGM a recruté 124 acteurs atteints de nanisme et une douzaine d’enfants de taille moyenne (des figurants) pour compenser « la pénurie » de personnes de petite taille.

Coiffure & Maquillage

Le défi de Jack Dawn, chef du makeup department de la MGM, était de donner vie à des créatures fantastiques sans déshumaniser les acteurs ni leurs performances. Il a été assisté par des talents impressionnants, dont le futur maquilleur de la MGM William Tuttle et Max Factor, qui ont fourni la perruque de Dorothy et le pigment vert pour la peau de la sorcière. Pour les transformations les plus importantes, des prothèses en éponge de caoutchouc cuite ont été collées sur le visage des acteurs. Le processus d’application quotidien était exténuants pour les acteurs et la hair and makeup team.

Essais Coiffure et Maquillage

Beaucoup d’essais et d’erreurs ont permis de perfectionner le look de chaque personnage de The Wizard of Oz. Tout a été réalisé sous la direction de Jack Dawn, maquilleur à la MGM.

Judy Galand (Dorothy Gale)

Judy Garland (Dorothy Gale), essais coiffure et maquillage (à gauche) – Résultat final (à droite)

À l’origine, Dorothy devait être blonde, mais a finalement eu les cheveux auburn. Dans le film, elle porte une perruque « sept huitième » avec une partie centrale en dentelle créée par le créateur de perruques de Max Factor, Bob Roberts. La perruque a été conçue pour laisser apparaître l’avant des cheveux naturels de l’actrice et se fondre dans la masse sans démarcations. Les cheveux de Judy Garland ont été colorés en brun rougeâtre foncé afin de profiter du Technicolor.

Ray Bolger (L’Épouvantail)

Ray Bolger (L’Epouvantail), essais coiffure et maquillage (à gauche) – Résultat final (à droite)

Après avoir testé plusieurs styles, le maquilleur Jack Dawn a réalisé l’effet sac en toile de jute de l’Épouvantail en utilisant un caoutchouc éponge fin, conçu pour avoir l’air d’être tissé. La prothèse était attachée avec une corde autour du cou de l’acteur et des morceaux de paille jaillissaient par endroit afin que l’épouvantail ait l’air plus réaliste.  La bouche, le nez et les yeux de l’acteur sont restés apparents et le caoutchouc a été mélangé avec du maquillage au niveau de ces ouvertures pour harmoniser l’ensemble.

Bert Lahr (Le Lion)

Bert Lahr (Le lion), essais coiffure et maquillage (à gauche) – Résultat final (à droite)

Le maquilleur Charles Schram était personnellement responsable de l’application quotidienne du maquillage de Bert Lahr. Le maquillage du Lion comprenait un filet pour maintenir les cheveux, de faux sourcils, de la paille noire pour les moustaches et des prothèses pour le nez et les joues (fondues avec la peau de l’acteur grâce à du maquillage orange). Les sourcils ont été ajoutés après des essais maquillage préliminaires : des poils ont été lacés à travers un filet et ont été appliqués avec de la colle après que les vrais sourcils de Bert Lahr aient été eux-mêmes collés à son visage pour être plats.

Les 2 Hommes de Fer

Buddy Ebsen (à gauche) et Jack Haley (à droite), essais coiffure et maquillage

Lorsque le tournage du film a commencé, l’Homme de Fer était joué par Buddy Ebsen (à gauche sur la photo). Il avait alors terminé des semaines d’enregistrements de bandes sonores, de tests et de répétitions lorsque, neuf jours après le début du tournage, il a été transporté d’urgence à l’hôpital. Son maquillage (de la poussière d’aluminium appliquée sur de la peinture blanche conçue pour le visage) avait enduit ses poumons et provoqué un danger potentiellement mortel pour sa santé. Pendant que Buddy Ebsen se remettait, il a été remplacé par Jack Haley (à droite sur la photo), et le maquillage a été reformulé et remplacé par une pâte d’aluminium.

Dessin de la Sorcière, du Lion, de l’Épouvantail et de l’Homme de Fer – The Wizard of Oz (USA, 1939) – Makeup design : Jack Dawn – Illustration : William Tuttle – Reproductions

Judy Garland

Judy Garland (Dorothy Gale) – The Wizard of Oz (USA, 1939)

Judy Garland est née dans une famille d’artistes vaudevilliens et a fait ses débuts sur scène à l’âge de trois ans. Elle était déjà une enfant star établie lorsqu’elle a été choisie pour jouer Dorothy en 1937. À seulement 16 ans, son innocence et la maturité de sa voix lorsqu’elle chantait la rendait parfaite pour le rôle de Dorothy.

Les Costumes

Costumes de The Wizard of Oz (USA, 1939) au wardrobe department de la MGM

Le costume designer Gilbert Adrian (né Adrian Adolph Greenburg), connu simplement sous le nom d’Adrian, était dans sa jeunesse un grand fan des livres d’Oz. Il remplissait alors des carnets entiers de croquis des personnages de Baum. Selon les documents de presse de The Wizard of Oz, lorsqu’il a commencé à concevoir les costumes pour le film, il a demandé à sa sœur de lui envoyer ses vieux carnets de croquis afin de s’en inspirer. Finalement, ce sont des centaines de costumes qui ont été confectionnés pour les habitants d’Oz, grâce à ce mastodonte du wardrobe department de la MGM.

Les producteurs

L’assistant producteur Arthur Freed et Vincente Minnelli (à gauche) – Le producteur Mervyn LeRoy et l’acteur Frank Morgan pendant la production de film (à droite)

Le coproducteur coréalisateur de la MGM, Mervyn LeRoy, a supervisé tous les aspects de The Wizard of Oz : il a présenté le projet au chef de studio Louis B. Mayer, développé le scénario et géré la gestion du tournage et de la post-production. Mervyn LeRoy a même envisagé de réaliser lui-même, seul, le film, mais n’a finalement filmé que quelques scènes. Il a chargé le coproducteur Arthur Freed, un ancien auteur-compositeur, de superviser les chansons et la musique du film. Arthur Freed a d’ailleurs produit certaines des comédies musicales les plus célèbres de la MGM comme An American in Paris (1951) et Singin’ in the Rain (1952), cependant, sa réputation reste ternie à jamais par les accusations de harcèlement portées par Shirley Temple alors qu’elle était encore une enfant. 

Les réalisateurs 

Rangée du haut, de gauche à droite : Mervyn LeRoy pendant la production de The Wizard of Oz – King Vidor, publicité pour Our Daily Bread (USA, 1934) – Victor Fleming pendant la production de The Wizard of Oz. Rangee du bas, de gauche à droite : George Cukor (à droite) et le directeur de la photographie Lee Garmes sur le set de Gone with the Wind (USA, 1939) – Richard Thorpe et l’actrice June Allyson pendant la production de Two Girls and a Sailor (USA, 1944) – Norman Taurog et son neveu, l’enfant star Jackie Cooper, 1934

Bien que le résultat final soit homogène, six réalisateurs différents se sont succédé aux commandes du film. Norman Taurog, habile avec les enfants acteurs, a filmé les premières séquences de test. Richard Thorpe a dirigé les deux premières semaines de production, un travail qui a ensuite été intégralement refait. Pendant la pause de tournage, George Cukor est devenu conseiller sur le film, il a par exemple échangé la perruque blonde et le maquillage grossier de Dorothy contre un look de fermière plus naturel. Lorsque le tournage a repris, Victor Fleming a réalisé l’essentiel du projet et quand il est parti pour reprendre le tournage de Gone with the Wind (Autant en emporte le vent, 1939), King Vidor a réalisé les séquences du Kansas, dont « Over The Rainbow ». Le producteur Mervyn LeRoy a aussi réalisé quelques scènes de transition.

Photographie du Codirecteur de la MGM, Louis B. Mayer, avec les acteurs sous contrat Judy Garland et Mickey Rooney, 1939

Le légendaire magnat des studios MGM Louis B. Mayer a cofondé et dirigé la Metro-Goldwyn-Mayer depuis la création de l’entreprise en 1924 jusqu’en 1951. Il a supervisé la production et la distribution de centaines de films par le biais de décisions créatives, financières, de castings et d’embauches, son pouvoir était immense. Il a établi la réputation de la MGM pour les films à gros budgets grâce à certaines des stars les plus populaires de l’ère classique d’Hollywood, dont Judy Garland. Mayer pouvait être très exigeant envers ses stars, et le studio a maintenu Judy Garland dans un cycle destructeur de régimes et de traitements médicamenteux. Bien que tout le présente comme un patriarche bienveillant (voir photo ci-dessus), Judy Garland a écrit plus tard qu’elle avait été harcelée par Mayer pendant des années.

Choix des acteurs & Interprétation

Margaret Hamilton, la Sorcière

Pour comprendre l’impact du choix des acteurs et de l’interprétation, il suffit d’imaginer The Wizard of Oz avec Shirley Temple dans le rôle de Dorothy et W. C. Flelds dans le rôle du Magicien d’Oz. En fait, la méchante sorcière a presque failli être jouée par quelqu’un d’autre que Margaret Hamliton. Inspirés par Blanche-Neige et les Sept Nains de Disney (États-Unis, 1937), les cinéastes ont dans un premier temps imaginé le personnage comme une sorcière glamour, jouée par Gale Sondergeard. Sur elle, ils ont testé un maquillage et une coiffure glamour, mais aussi un look de sorcière plus classique, plus effrayant, avec verrues, nez crochu, etc.  Lorsque leur choix s’est porté sur ce dernier, Gale Sondergeard a quitté le projet et Margaret Hamilton l’a remplacée. Une troisième personne avait d’ailleurs été envisagée pour jouer la sorcière : Fanny Brice.

Essais maquillage et costume de Gale Sondergaard (la Sorcière) – The Wizard of Oz (USA,1939) – Costume : Adrian – Mauillage : Jack Dawn – Photo de Frank Bjerring (à gauche) et Virgil Apger (à droite)

Le Script

Page de brouillon du script, 1938 – Scénaristes : Florence Ryerson, Edgar Allan Woolf – Collection de Steven Spielberg

Nous avons ici des ébauches séquentielles du scénario qui retracent le développement d’éléments de l’histoire et des dialogues désormais canoniques. Par exemple, « I’m going back to Kansas » ne sonne pas tout à fait comme « There’s no place like home », et la séquence dans laquelle Dorothy claque ses talons aurait été très différente si les Munchkins étaient réapparus pour réciter les mots magiques avec elle.

Du livre à l’écran 

Publié en 1900, le livre pour enfants de L. Frank Baum The Wonderful Wizard of Oz était le premier opus de sa série populaire Oz.  Il a été adapté en comédie musicale pour Broadway et plusieurs films muets ont été créés avant celui de la MGM en 1939. Bien que seuls Noel Langley, Florence Ryerson et Edgar Allan Woolf aient reçu un crédit à l’écran, ça n’est pas moins dix écrivains qui ont travaillé sur le scénario. Le film s’inspire de plusieurs des livres d’Oz, mais s’en écarte aussi à bien des égards ainsi et des premières ébauches du scénario, qui comportaient des personnages supplémentaires, des intrigues secondaires romantiques et des souliers argentées !


« Elle a quitté le Kansas et se retrouve à Hollywood… Pour moi, le message de ce film est : continuez à voyager. Montez dans un vaisseau spatial. Allez sur Mars. Allez n’importe où dans l’univers et jetez un coup d’œil. »

-John Waters

Pourquoi Oz ?

Affiche originale – The Wiz (USA, 1978) – Illustration : Cadino

Depuis sa sortie en 1939, The Wizard of Oz est resté une référence culturelle. Ses personnages inoubliables, sa musique emblématique, son design imaginatif et ses effets révolutionnaires sont aussi fascinants aujourd’hui qu’ils l’étaient il y a huit décennies. Traduit en quarante langues et réécrit en d’innombrables adaptations, l’héritage du film continue d’être adopté et redéfini. Dorothy et ses compagnons ont même été inscrits comme icônes au sein de la communauté LGBTQ. Les projections synchronisant le film avec l’album classique de Pink Floyd de 1973, The Dark Side of the Moon, ont suscité un culte, et les productions scéniques et cinématographiques de The Wiz ont réinventé l’histoire, avec un casting entièrement noir. Le voyage de Dorothy parle à un niveau personnel aux téléspectateurs de tous les âges et de tous les horizons.

Marketing & Publicité

Dossier de presse original de The Wizard of Oz (USA, 1939)

Pour que les cinémas se préparent à diffuser The Wizard of Oz, MGM a créé un livre de campagne détaillant diverses options promotionnelles. Le livre comprenait des affiches publicitaires, des cartes disponibles à l’achat ainsi que des anecdotes sur la production à publier dans les journaux locaux.

The Wizard of Oz a été présenté dans les salles grâce à une campagne promotionnelle massive, montée en collaboration avec le service de publicité de la MGM et la société mère du studio, Loew’s Incorporated. L’effort combiné a impliqué 150 employés et ajouté 250 000 $ en coûts à la production de 2 777 000 $. Une campagne équivalente à 4,6 millions de dollars sur un film de 56 millions de dollars d’aujourd’hui. Il s’agit de la campagne la plus chère faite par la MGM à ce jour. Elle comprenait des histoires imprimées, des liens promotionnels et des objets dérivés tels que des partitions, des poupées et des vêtements. L’équipe chargée de la publicité a répondu au courrier des fans au nom des acteurs et a même organisé un concours dont le gagnant pouvait recevoir une authentique paire de souliers de rubis.

La première du film au Grauman’s Chinese Theatre, le 15 août 1939
L’affiche de cinéma originale – The Wizard of Oz (USA, 1939)

Cinématographie & Technicolor

Caméra à trois bandes Technicolor DF-16, 1937

Inventée en 1932, la caméra à trois bandes Technicolor était encore relativement nouvelle lors du tournage de The Wizard of Oz. Le processus était crucial pour faire ressortir les couleurs vives d’Oz, ses costumes fantaisistes et les souliers de rubis de Dorothy. Les caméras Technicolor nécessitaient un éclairage si intense que la Southern California Edison Company a installé une petite station sur le terrain de la MGM afin de mettre en œuvre cette technologie innovante. La MGM s’est tournée vers Harold Rosson, un directeur de la photographie de studio connu pour ses éclairages imaginatifs. Harold Rosson a d’ailleurs suivi le projet du début à la fin et a reçu une nomination aux Oscars pour son travail.

Le Son

Ingénieurs du son non identifiés enregistrant des effets de vent

The Wizard of Oz a appelé à une approche créative de la conception sonore. Le vent de la tornade a été réalisé à l’aide d’un aérophone, et la hauteur unique de certaines voix des personnages était obtenue en modifiant la vitesse d’enregistrement. Pour le chœur Munchkin, des chanteurs professionnels dirigés par l’arrangeur vocal Ken Darby ont interprété les chansons à une vitesse plus lente que la normale afin que le son apparaisse aigu lors de la lecture en accéléré. L’approche inverse a été utilisée pour créer les drones de la garde de la sorcière. En postproduction, les ingénieurs du son ont résolu des problèmes tels que le clip-clop intrusif du cheval d’une couleur différente. Dans ce cas particulier, ils ont supprimé la bande sonore en prise en direct pour la remplacer. Le chef du département son de la MGM, Douglas Shearer, a été nominé pour l’Oscar des effets spéciaux aux côtés d’A. Arnold Gillespie.

Microphone « bombe » de la MGM réglé pour enregistrer des gazouillis d’oiseaux

La Musique 

Herbert Stocan, chef d’orchestre accompagné de l’orchestre de la MGM sur le Studio Stage 1

Lorsqu’ils ont été embauchés par l’assistant producteur Arthur Freed, le compositeur Harold Arlen et le parolier E.Y. « Yip » Harburg ont reçu les clés d’un bungalow de la MGM, 25 000 $ et 14 semaines pour écrire toutes les chansons. Leur travail a été récompensé par un Oscar de la chanson originale, pour « Over The Rainbow ». Bien que maintenant considérée comme l’une des chansons les plus célèbres du cinéma, la ballade mélancolique a été temporairement coupée du film après des projections test. Freed et Arlen se sont battus pour qu’elle réintègre la version définitive du film. Le compositeur de la MGM, Herbert Stothart, a remporté un Oscar de la musique originale, ce qui signifie que The Wizard of Oz a remporté deux oscars dans les catégories musicales, mais aucun autre prix.

Judy Garland chantant dans un microphone Western Electric 639A

Les Effets Spéciaux

Une tornade au Kansas, des singes volants, les effets spéciaux faisaient définitivement partie intégrante de l’histoire de The Wizard of Oz. Les solutions imaginées pour relever ces défis sont encore aujourd’hui considérées comme pionnières en la matière. Le chef du département des effets spéciaux de la MGM, A. Arnold « Buddy » Gillespie a reçu sa toute première nomination aux Oscars pour The Wizard of Oz et à remporter trois Oscars.

Note de production d’effets spéciaux et photos de travail – The Wizard of Oz (USA, 1939) – Effets speciaux : A. Arnold Gillespie

Les fichiers de production d’A. Arnold « Buddy » Gillespie, responsable des effets spéciaux à la MGM illustrent la manière dont il a réalisé chaque moment de magie cinématographique dans The Wizard of Oz (les singes volants, l’écriture dans le ciel « Surrender Dorothy » et la célèbre tornade). Ces notes détaillées et autres documents donnent un aperçu de son processus innovant.

Création de titres pour The Wizard of Oz par le département des effets spéciaux de la MGM

Le Montage

Blanche Sewell, monteuse, travaillant sur The Wizard of Oz (USA, 1939)

Blanche Sewell a travaillé dans le département de montage de la MGM des années 1920 jusqu’à sa mort en 1949. Elle a gravi les échelons de coupeuse de négatifs, sous le mentorat de Viola Lawrence, à rédactrice. Elle a été sélectionnée avec soin pour The Wizard of Oz par le producteur Mervyn LeRoy en raison de sa « compréhension infaillible de l’image d’erreur et une capacité intuitive pour le rythme cinématographique ». En la salle de montage, elle a été assistée par Ernie Grooney. La version initiale du film durait près de deux heures. Parmi les scènes supprimées notables figuraient une danse prolongée de l’Épouvantail, un numéro de jitterbug et une reprise de « Over The Rainbow ».

La Forêt Hantée : Une Illusion Hybride

Matte painting de la foret hantee – The Wizard of Oz (USA,1939) – Craie pastel sur planche de bois composite

L’illusion de la forêt hantée qui apparaît dans la version définitive du film a été créée en post-production en prenant la scène filmée et en mettant en fond une peinture de la forêt, réalisée en matte painting, qui continue de manière transparente du côté droit de la limite des arbres. L’utilisation hybride de la toile de fond et du matte painting, deux types d’effets pratiques, donne l’impression que la forêt hantée entoure les personnages.

Art conceptuel pour la Cité d’Émeraude – Le dessinateur Jack Martin Smith qui travaillait sous la direction du directeur artistique Cedric Gibbons dans le département d’art scénique de la MGM, a produit cet art conceptuel comme première version de la Cité d’Émeraude. Jack Martin Smith deviendra ensuite directeur artistique à part entière et remportera trois Oscars de la direction artistique dans les années 1960

Le Matte Painting

Les matte paintings permettent de filmer des décors élaborés lorsque les décors grandeur nature s’avèrent trop peu pratiques ou coûteux à construire. Traditionnellement, ceux-ci étaient peints à l’huile sur verre pour créer l’illusion d’environnements réels. Cependant, pour The Wizard of Oz, des arrière-plans de style livre de contes ont été dessinés au crayon pastel sur du carton noir, laissant nues les zones désignées pour l’acting. Les matte painting et les acteurs ont été filmés séparément puis les images ont été fusionnées. Cette technique était un secret bien gardé de Warren Newcombe, chef du département de matte painting à la MGM de 1925 à 1957.

Le Département Artistique

De gauche à droite : le producteur Mervyn LeRoy, le réalisateur Victor Fleming et le directeur artistique William Horning examinant les esquisses de décors pour The Wizard of Oz (USA, 1939)

À quoi ressemble « somewhere over the rainbow » ? Selon George Gibson, directeur du département d’art scénique de la MGM : « Nous avons utilisé l’imagination comme référence. Nous n’avons jamais utilisé les livres d’Oz. » Ce pays imaginaire a émergé progressivement à partir d’esquisses, de plans et de modèles miniatures avant d’être finalement réalisé en un set. Bien que plus de soixante décors aient été construits, tout n’a pas été fait en trois dimensions. D’énormes toiles de fond en mousseline peinte ont créé l’illusion de décors qui s’étendaient au-delà des murs du set. Les contributions des directeurs artistiques de la MGM, Cedric Gibbons et William Horning, ont été récompensées par une nomination aux Oscars pour la direction artistique.


Exposition The Art of Movie Making – The Wizard oz Oz, Academy Museum of Motion Pictures, jusqu’au 25/09/2022.

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