Les solaires européens sont-ils meilleurs que les solaires américains ?

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Suite à un post Instagram que j’ai relayé sur la différence de protection entre les solaires américains et ceux provenant d’Europe ou d’Asie, j’ai reçu un nombre incalculable de questions en MP. J’ai passé ma semaine à lire des études sur le sujet et voici ce qu’il en est (j’ai simplifié au maximum de manière à ne pas vous oublier un article complètement indigeste).

Les Américains ont moins de choix que les Européens en matière de protection solaire et, en moyenne, les produits américains, en particulier les crèmes solaires non minérales, offrent une protection nettement moins bonne contre les rayons UVA. Je vais vous expliquer pourquoi, mais pour commencer, rappelons la différence entre les UVB et les UVA. Les UVB sont responsables des coups de soleil et donc des brulures, les UVA quant à eux, pénètrent plus profondément dans la peau que les UVB, ils sont responsables du vieillissement cutané, d’une grande partie de la dégradation du collagène et des fibres élastiques, du relâchement de la peau, de sa décoloration et ils affaiblissent le système immunitaire. Il est important de souligner que les cancers sont aussi bien provoqués par les UVA que par les UVB mais que les UVA sont plus dangereux pour les raisons évoquées ci-dessus. Les solaires américains protègent globalement correctement des UVB mais ne sont pas aussi efficaces que les solaires européens ou meme asiatiques pour prévenir les dommages cutanés causés par les UVA.

Les solaires américains

Aux États-Unis, les écrans solaires sont réglementés par la FDA (la Food and Drug Administration, chargée de la santé publique en garantissant entre autres l’efficacité et la sécurité des médicaments, des dispositifs médicaux et des cosmétiques), comme des médicaments sans ordonnance parce qu’ils sont considérés comme ayant un impact sur la santé. La FDA, justement, est paralysée par une loi de 1938 qui exige que les crèmes solaires soient testées sur des animaux. À cause de tout cela, les nouveaux ingrédients des filtres UV sont soumis au même long processus d’examen que tous les médicaments pharmaceutiques. Les entreprises qui fabriquent les ingrédients de protection solaire utilisés dans les produits américains n’ont, à ce jour, pas effectué suffisamment de tests de sécurité demandés par la FDA pour commercialiser les mêmes filtres qu’en Europe ou en Asie. 

La situation est grave pour les Américains puisque la FDA n’a pas approuvé de nouveau filtre solaire depuis 1996 (c’est dire à quel point leurs filtres sont archaïques !), bien que les fabricants cherchent à utiliser huit produits chimiques filtrants solaires déjà autorisés dans l’UE. Les méthodes de la FDA visent à protéger la santé publique sauf qu’en attendant la commercialisation de filtres solaires plus élaborés, les consommateurs américains n’ont accès qu’à des écrans solaires de qualité inférieure. 

En 2019, la FDA a proposé des règles pour renforcer la protection UVA offerte par les écrans solaires, exprimant son inquiétude quant au rôle qu’ils jouent dans le développement des cancers. Pour le moment, les tests sont encore en cours et donc non finalisés, les solaires américains restent à ce jour inférieurs en termes de protection UVA. À l’heure actuelle, FDA n’a approuvé que 16 ingrédients actifs pour les écrans solaires, alors que l’Europe compte 27 substances approuvées. Non seulement cette différence limite la gamme de produits aux États-Unis, mais elle peut également avoir un impact sur leur efficacité. Il existe sept produits chimiques approuvés en Europe qui protègent contre les rayons UVA cancérigènes. Aux États-Unis, nous n’avons que trois produits chimiques approuvés pour le même usage.

Les deux seuls ingrédients approuvés par la FDA qui offrent une protection contre les rayons UVA sont l’oxyde de zinc (filtre minéral) et l’avobenzone (filtre chimique). Le problème, c’est que la protection contre les UVA varie considérablement d’un produit à l’autre, même s’ils ont le même SPF. Le SPF indiqué sur les bouteilles de crème solaire américaines indique uniquement la capacité d’un écran solaire à bloquer les rayons UVB. 

Une forte dose de désinformation a imprégné le débat sur les écrans solaires, et certaines personnes remettent en question la sécurité des ingrédients courants des écrans solaires (tels que l’avobenzone, l’homosalate, l’octisalate et l’octocrylène) aux États-Unis, qu’ils ridiculisent en les qualifiant d’écrans solaires « chimiques ». Ces opposants aux crèmes solaires préfèrent les crèmes solaires « physiques » ou « minérales », comme l’oxyde de zinc, même si, rappelons-le, tous les ingrédients des crèmes solaires sont des produits chimiques. En 2024, la FDA préfère toujours limiter les filtres chimiques de peur que des particules « toxiques » se puissent être détectées dans la circulation sanguine alors qu’il a été prouvé (partout sauf aux États-Unis visiblement !) que les filtres solaires minéraux et chimiques fonctionnaient quasiment de la même manière et qu’un filtre chimique n’était pas plus dangereux pour les individus qu’un filtre minéral. 

Ce que les scientifiques cherchent à prouver, c’est que les gens ne meurent pas à cause de l’utilisation d’un écran solaire. Ils meurent d’un mélanome. Chaque heure, au moins deux personnes meurent d’un cancer de la peau aux États-Unis. Il est le cancer le plus répandu en Amérique avec 6,1 millions d’adultes traités chaque année pour des carcinomes basocellulaires et épidermoïdes, selon le Centers for Disease Control and Prevention. Bien que les taux de réussite du traitement du cancer de la peau soient excellents, 1 Américain sur 5 développera un cancer de la peau avant l’âge de 70 ans. 

La bonne nouvelle, c’est que l’approbation d’un ingrédient étranger, le bémotrizinol est en cours. Le bémotrizinol est l’ingrédient de base de presque tous les écrans solaires européens et asiatiques. Il serait alors l’ingrédient de protection solaire le plus sûr du marché, surpassant même l’oxyde de zinc et le dioxyde de titane. Alors que le Congrès et la FDA en débattent, de nombreux Américains se sont mis à importer leurs propres crèmes solaires d’Asie ou d’Europe, et ce, malgré le risque de contrefaçon. Le problème de la FDA c’est qu’elle est incroyablement lente. Cela fait littéralement 40 ans qu’elle étudie cette question.

Les solaires Europeens

L’Union européenne, quant à elle, réglemente les crèmes solaires comme des produits cosmétiques (comme c’est le cas dans une grande partie du monde), les industries cosmétiques n’ont donc pas à se soucier d’une quelconque approbation des autorités avant d’incorporer un filtre solaire dans un produit en vente libre. Cela permet une plus grande flexibilité quant à l’utilisation d’ingrédients actifs par les fabricants de crèmes solaires, essentiellement relatifs à la protection des UVA. Pour vous donner une idée, l’UE dispose de 34 filtres UV approuvés pour une utilisation dans les crèmes solaires, contre 16 aux États-Unis. Dans les pays soumis aux réglementations de la Commission européenne, les fabricants se conforment à une recommandation selon laquelle tous les écrans solaires offrent une protection UVA au moins un tiers plus puissante que le SPF.  Par exemple, si un produit annonce un SPF 30, sa protection UVA doit être d’au moins 10. Les crèmes solaires américaines laissaient en moyenne trois fois plus de rayons UVA sur la peau que les produits européens.

Si vous voyez peu voire pas de solaires américains vendus en France par exemple, c’est parce que la plupart de celles qui sont vendues aux États-Unis proposent ne sont pas admissibles sur le marché de l’Union européenne, pour cette unique raison qu’elles ne filtrent pas suffisamment bien les rayons UVA.

Dans l’autre sens, plusieurs marques de parapharmacie française sont disponibles aux US, vous allez me dire que le choix est simple, il suffit de se diriger vers ces marques. Je pense par exemple à La Roche Posay, qui est une marque française de référence ici aux États-Unis et qui propose les solaires les plus performants en parapharmacie française. Sauf que ceux-ci ont été reformulés pour le marché américain et ne sont donc pas équivalents à leurs homologues internationaux en termes d’efficacité (oui, je sais, c’est lamentable !). On ne peut donc pas se fier aux produits de parapharmacie française pour être efficacement protégés contre les UVA si on achète son solaire aux États-Unis. Ceci est valable pour toutes les marques de parapharmacie française vendues aux US. Les réglementations nationales concernant les ingrédients et l’efficacité varient à travers le monde, ce qui fait que les produits fabriqués dans d’autres pays sont différents, même s’ils appartiennent à la même marque. D’ailleurs, sachez que si vous rapportez de la crème solaire achetée en Europe après vos vacances, elle pourrait tout à fait être confisquée à la douane lorsque vous arrivez aux États-Unis (ça ne m’est jamais arrivé en 9 ans de voyage, mais ça n’est pas exclu).

Bon à savoir

  • À la différence des UVB, les UVA passent à travers les vitres. Donc, même si vous passez vos journées enfermés dans un bureau, si celui-ci est doté de fenêtre, il est indispensable de porter une protection solaire.
  • On nous dit depuis toujours d’éviter de s’exposer entre midi et 16h, les UVB étant peu présents tôt le matin et déclinants après 16H. Les UVA quant à eux, sont présents dès que le soleil se lève le matin et jusqu’à ce qu’il se couche le soir. C’est la raison pour laquelle il est important de se protéger à n’importe quelle heure de la journée.
  • Comme je vous le disais un peu plus haut, le SPF (Sun Protection Factor) concerne uniquement les UVB. La réglementation européenne impose aux fabricants d’inclure une protection UVA égale à au moins 1/3 de la protection UVB dans leurs produits solaires (c’est la raison pour fuir les SPF 30 qui sont largement insuffisants en matière de protection). Les écrans solaires appelés « à large spectre » sont ceux qui sont les plus susceptibles de vous protéger correctement contre les UVA.
  • Vous devez appliquer 1g de crème solaire pure sur votre visage pour être protégé à la hauteur de l’indice de protection indiqué sur le packaging de votre produit. Quand je dis « pure », c’est parce que pour protéger correctement, le solaire ne doit jamais être mélangé à une crème hydratante, un sérum ou autre cosmétique, cela en altérerait la formule. De la même manière si vous comptiez sur votre fond de teint pour vous protéger du soleil, il sera insuffisant, pour la bonne et simple raison que vous n’appliquerez jamais un 1g de produit sur votre visage, au mieux les SPF dans le makeup sont de bons compléments, mais jamais des protections complètes (et si vous vous posiez la question, non les SPF ne s’additionnent pas !). Si vous utilisez une crème solaire en stick, il vous faudra passer 5 fois au même endroit pour garantir le SPF indiqué sur votre produit.
  • Le SPF est calculé selon ce principe : si vous appliquez un SPF 50 et que votre peau nue (sans SPF) commence à rougir en 5min, cela signifie qu’en portant cette protection, votre peau rougira en 5×50 min donc 250 min d’exposition. Évidemment, il ne faut jamais attendre la dernière minute pour réappliquer votre protection puisque des facteurs tels que la transpiration, la baignade ou les frottements ne sont pas pris en compte dans ce calcul. C’est la raison pour laquelle, par précaution, on recommande de réappliquer son solaire toutes les 2 heures.
  • Le SPF doit être appliqué en dernière étape de votre routine de soin avant le makeup. Si vous souhaitez vous maquiller par-dessus votre solaire, vous devez attendre un minimum de 20 minutes (plus vous attendez, mieux c’est) avant que ce dernier ne se fixe et afin de ne pas altérer son indice de protection. À noter que si votre maquillage peluche par-dessus votre SPF, vous n’êtes plus protégés comme il se doit. Si vous ne vous maquillez pas, il n’est pas indispensable d’attendre pour sortir de chez vous, la protection, qu’elle soit minérale ou chimique, est effective dans l’instant (contrairement à la rumeur !). 
  • La crème solaire n’est pas le seul moyen de se protéger contre les dangereux rayons UV. Peu importe où vous vivez dans le monde, restez à l’ombre, portez des lunettes, couvrez-vous avec des vêtements, un chapeau, utilisez une ombrelle anti-UV ou une visière anti-UV, sont autant de moyens efficaces pour bloquer les rayons UV.

Résultat des courses, si vous venez passer des vacances aux US, apportez vos propres crèmes solaires achetées en France et ne touchez pas aux SPF américains. Si comme moi, vous êtes expat, de nombreux e-shop revendent des solaires européens ou asiatiques, Amazon est le meilleur endroit, même s’il faut faire attention aux contrefaçons. Quoi qu’il en soit, si vous n’avez accès qu’aux solaires américains, utilisez-les quand même, un solaire US est toujours meilleur que pas de solaire du tout !

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