Si vous me connaissez, vous savez quelle importance toute particulière tient la trilogie Back to the Future dans la mise en place et la construction de mes préférences cinématographiques depuis que je suis enfant…
Le musical Back to the Future a débuté en février 2020 à Manchester et je savais qu’il mettrait des années à traverser l’Atlantique. J’ai dû prendre mon mal en patience puisque la pandémie a considérablement ralenti les choses. En juin 2023, il débarque enfin à Broadway, à NYC, puisque c’est toujours là que sont jouées les comédies musicales lorsqu’elles arrivent aux US. Ça n’était qu’une question de temps avant qu’il soit possible de la voir à LA. Inutile de vous dire que j’ai sauté sur les tickets le jour où ils ont été mis en vente.
J’ai essayé de me renseigner au minimum sur le musical avant d’y assister afin de ne pas être trop spoiled. Je savais qu’il avait fait un carton à Londres et que la critique l’avait reçu différemment à Broadway. Le cast était pourtant resté sensiblement le même lors du passage du West End à NYC et pour le coup, il semble avoir complètement changé pour les représentations d’Hollywood. Les Anglais sont sans doute culturellement plus enclins et tolérants que les Américains (qui sont, il faut le reconnaître, très picky sur tout) sur ce qui touche aux comédies musicales. Ou alors, la variété de shows étant tellement grande à Broadway qu’ils sont tous passés au crible et la moindre petite erreur, pointés du doigt et sanctionnés…
Je vais être claire, j’ai adoré ce musical. Pour moi, c’est vraiment la nostalgie dans la nostalgie et je dirais même qu’à chaque visionnage ou comme ici lors d’une nouvelle interprétation, une strate de nostalgie s’ajoute à la précédente, plaçant le spectateur dans une mise en abyme sans fin de pleine satisfaction. Il n’y a pas de temps morts, on ne s’ennuie jamais, même si quelques chansons sont un peu en dessous niveau qualité. Le show est rempli d’easter eggs intelligents et pertinents que j’aurais aimé pouvoir noter tant ils étaient brillamment amenés. Le cast est impressionnant, de là où j’étais placée (à une petite vingtaine de rangs de la scène), Caden Brauch était absolument parfait en Marty McFly, sa façon de se mouvoir, sa voix, tout était bluffant de réalisme. J’ai aussi particulièrement aimé Biff (Ethan Rogers) dont le jeu était d’une grande justesse. Lorraine (Zan Berube) était irréprochable. J’ai moins aimé George (Burke Swanson), qui n’était pas mauvais, mais dont le jeu était fortement biaisé par des tonnes de mimiques grotesques, sûrement dues à une mise en scène adaptée aux comédies musicales. Ça se voulait drôle, mais c’était surtout lourd et gênant. J’ai été franchement déçu par Doc (Don Stephenson) dont le jeu et la voix étaient très loin du personnage original. J’aurais voulu retrouver Roger Bart (George Williams dans Desperate Housewives, pour ceux qui s’en souviennent 😉), qui a disparu du casting entre Broadway et Hollywood, je suis certaine qu’il faisait un bien meilleur Doc.
Le musical réserve à La DeLorean un vrai rôle, on ne la voit qu’au début et à la fin du film, mais elle est pourtant d’une importance capitale à l’intrigue. Ici, elle est présente dans plusieurs scènes, les plus immersives pour les spectateurs et de ce fait les plus intéressantes visuellement puisqu’elles permettent une grande partie du dynamisme du show. La scénographie est globalement très réussie et les apparitions de la DeLorean y participent grandement. Les effets spéciaux sont étonnamment plus réussis et impressionnants dans le musical que dans le film.
Même si l’histoire reste très fidèle au film, par facilité scénaristique ou parce que 2024 ne permet plus d’aborder certains sujets, j’ai trouvé que plusieurs moments clés avaient été modifiés, donnant un côté cheap et peu crédible à l’histoire.
Selon moi, Back to the Future: The Musical a été créé pour les nostalgiques du film, ceux qui attendaient secrètement un quatrième opus tout en sachant pertinemment que c’était la pire des mauvaises idées. Ce musical est un plan B, et c’est un bon plan de secours, qui ne dénature pas le chef-d’œuvre original, mais qui en reprend au contraire presque tous les codes. Parce qu’on le sait, on fond, on ne veut pas voir un quatrième épisode, on veut juste dupliquer à l’infini le matériel déjà existant tant on y est attaché. Et finalement, rien n’est sorti depuis le 3ᵉ opus en 1990… ça fait 34 ans que les fans n’ont aucune nouveauté de la part de la franchise, hormis les attractions dans les parcs Universal auxquels très peu d’entre nous ont accès puisqu’ils se trouvent tous aux États-Unis. D’autres films étant plus tendances, ces attractions ont d’ailleurs presque toutes disparues année après année, laissant place à d’autres films plus modernes (à l’exception de la place de l’hôtel de ville dans le backlot d’Hollywood). Aussi, si vous êtes de vrais fans de BTTF, vous aimerez le musical, en revanche, si vous êtes venu chercher autre chose que le film, vous n’y trouverez pas votre compte (à noter que vous y serez pour 2h40, il est préférable d’apprécier le moment !).
Je ne sais pas si BTTF: The Musical arrivera en France, je vous le souhaite. Il semblerait que toutes les grandes comédies musicales à succès fassent un passage par l’hexagone, ce qui me fait supposer que vous pourrez la voir un jour. J’imagine que le travail de traduction doit être colossal et donc que ça ne sera pas pour demain. Pour l’instant, on sait seulement que des représentations à Tokyo arrivent en avril 2025 (sûrement toujours en anglais…) après que la troupe ait terminé sa tournée US.