Un bilan qui arrive un peu tardivement puisque j’ai fêté mes 6 ans d’expatriation au début du mois dernier. À vrai dire, c’est une date que je ne célèbre plus vraiment, j’ai l’impression d’être ici depuis toujours et je ne me sens plus du tout étrangère à ce pays qui me paraissait pourtant très loin de ce que j’étais il y a 6 ans. J’y ai trouvé ma place, je m’y sens bien et ne me vois désormais plus quitter les États-Unis.
Nous avons donc passé un début d’année 2021 plutôt doux, à la maison, toujours confinés. 2021 a été l’année de mes 40 ans, que j’ai pu fêter dignement grâce/avec mes super amis, ici à LA. Madeleine a repris l’école au mois d’août, elle est entree en 6th Grade (6ème) dans une énorme Middle School de 1800 élèves. Je n’avais qu’une peur : qu’elle s’y sente perdue, finalement elle a pris ses marques assez rapidement et a considérablement gagné en autonomie. Cette rentrée a été un vrai coup de pied dans notre tranquillité (oui je fais partie de ces personnes qui ont adoré être confinées), dans les petites habitudes qu’on avait prises, sans stress. Nous avons d’ailleurs terminé l’année épuisés de ce retour à la vie « normale ». J’ai profité à fond de cette chance d’avoir Madeleine et Loïc à la maison à plein temps tout en étant consciente que la situation ne pouvait s’éterniser trop longtemps. Heureusement les bureaux de Loïc n’ont pas encore rouverts en raison de l’augmentation récente des cas de Covid et il travaille toujours de la maison.
À la question « Te sens-tu désormais Américaine ? » C’est la première fois que je peux répondre qu’en tout cas, je ne me sens plus française. Évidemment, j’ai vécu presque 35 ans en France donc je ne renie pas tout ça. Je suis toujours capable de reconnaître les excellents côtés de mon pays natal, en toute objectivité. Et surtout j’y ai d’excellents souvenirs que cela soit avec ma famille, mes amis ou même dans mon travail.
Pour tout vous dire, nous sommes rentrées, avec Madeleine, cet été et le séjour a rapidement tourné au cauchemar. D’abord cette arrivée en France a été le début de notre déconfinement. Un déconfinement/ retour à la réalité un peu rude, loin de la positivité américaine. En France, on fait la gueule, on se plaint, on critique, beaucoup, souvent, et on assume. Outre cette désagréable sensation que je n’avais ma place nulle part, je me sentais à côté de la plaque dans la plupart des conversations, comme si mes préoccupations, mes perceptions étaient différentes (je n’ai pourtant pas l’impression d’avoir tant changé que ça). Je crois que la crise sanitaire y est pour beaucoup. Les plaintes incessantes des Français d’être sous couvre-feu, de ne pas pouvoir sortir, de ne pas pouvoir aller au cinéma, de ne pouvoir voir personne, de ne pas pouvoir manger en terrasse… vous vous rendez compte ? Ne pas pouvoir manger en terrasse ? Depuis quand est-ce devenu un motif de déprime ? Le Covid aurait-il exacerbé la bêtises des personnes que j’avais l’habitude de côtoyer ? Les jérémiades incessantes des uns et des autres ont fini par drainer ma bonne humeur, j’en suis arrivée à un point où je ne pouvais plus les entendre. J’ai trouvé les gens d’une aigreur, d’une agressivité et d’une négativité affligeante, même des jeunes, même des personnes au sein de ma propre famille, que cela soit envers la vie en général ou envers moi personnellement. Je vous passe les réflexions en tout genre sur mon poids, ma façon de m’habiller, de me chausser, de me coiffer, sur mes choix de vie, etc. J’ai souvent ce sentiment, lorsque je rentre l’été, que je dois payer mon bonheur à LA alors qu’eux ne sont pas heureux en France. Alors non, définitivement, je ne me vois plus en eux. On me fait comprendre que j’ai une vie « facile ». Mais cette vie, je l’ai construite, je l’ai choisie. Il m’a fallu de la force, il m’a fallu prendre des risques, sortir de ma zone de confort pour m’expatrier, j’étais consciente en partant que cette tranche de vie pouvait échouer. Je crois qu’on m’en veut d’avoir eu le courage de le faire, d’être heureuse dans ma vie aujourd’hui et que mes ambitions aient fonctionné. C’est mal vu d’être heureux en France et ça, c’est inacceptable. Je suis rentrée chez moi à LA mi-aout, un peu déprimée et à l’heure ou je vous écris ces mots, j’ai encore l’impression de ne me m’être complètement remise de ce séjour.
Une année en demi-teinte donc, dont je préfère oublier les mauvais moments pour me tourner vers l’avenir et cette future année 2022 qui s’annonce pleine de rebondissements pour notre famille. En mai 2021, Loïc a changé de job, pour le meilleur. Ses bureaux se trouvent désormais à Santa Monica et, en vue d’un retour en présentiel, il va falloir nous en rapprocher géographiquement. Nous allons ainsi quitter Burbank et notre petite banlieue calme et tranquille qui me plaît tellement. Ceci dit, la perspective de ce changement me paraît assez excitante, je vais retrouver Los Angeles, me rapprocher de mes amies avoir un appartement plus spacieux et peut-être pouvoir enfin trouver un job. Burbank va évidemment beaucoup me manquer, mais j’ai presque hâte de toutes ces nouveautés qui se profilent. En attendant j’ai encore quelques mois devant moi pour profiter de notre appartement avec vue panoramique sur les collines, je sais d’avance que je ne retrouverai pas ça à LA et j’en suis déjà nostalgique. Je craignais la réaction de Madeleine, mais apparemment elle appréhende très bien ce déménagement. Ce sont toujours les enfants qui trinquent dans ce genre de situation et je vais essayer de lui faciliter la tâche au maximum tout en croisant les doigts pour qu’elle s’adapte vite et bien à tous ces changements.
Je vous tiendrai évidemment au courant de tout ça. En attendant, une fois de plus merci de continuer à me lire, à m’écrire, à partager. Ça fait des années que j’entends dire que les blogs sont morts, la fréquentation du mien n’a jamais été aussi importante, je suis heureuse de constater que l’écrit même s’il n’est pas favorisé, reste encore un bon moyen communiquer. Je vous embrasse et vous dis à bientôt ici, sur Instagram, en e-mail ou qui sait, peut-être à Los Angeles ! 😉